Autrice : Valéry K. Baran.
Genres : Tranche de vie, duo, M/F, sexualité.
Résumé : Quand elle dit « oui », et qu’il dit « non » (et qu’elle veut le convaincre du contraire).
Oui ?
– Oui ?
Elle s’approche de lui, rampe, se déhanche à la manière de chat, joue des reins… Elle pourrait miauler pour parfaire son avancée lascive.
– Non, grogne-t-il.
Elle s’arrête, se mord les lèvres, progresse plus encore sur le matelas.
– Oui ?
Maintenant, elle est au-dessus de lui, ses mains des deux côtés de son torse, son corps tendu et son ventre planant à quelques centimètres du sien. Il relève les bras et décale légèrement les mains pour remonter son livre face à son visage, lui signifiant clairement à quel point elle le dérange. L’un de ses yeux apparaît au-dessus de la couverture, le sourcil haussé.
– Non…
Vexée, elle se rassoit sur ses talons, faisant rebondir le matelas sous son mouvement brusque.
Dehors, la pluie bat les carreaux, drue et froide, comme si elle grattait à la fenêtre pour demander l’autorisation d’entrer. Peut-être pourrait-elle miauler elle aussi, mais son sifflement tient plus de la menace que de la plainte séductrice.
Le lit bouge de nouveau quand il se réinstalle plus confortablement, sans jamais quitter pour autant sa lecture.
Elle se laisse retomber sur le dos, frustrée.
– Ça fait combien de jours ? lance-t-elle, plus pour elle que pour lui, et elle sait d’ailleurs qu’il ne répondra pas.
Elle compte…
Trois, en fait. Ça ne fait pas tant que ça, mais, pour elle, c’est beaucoup. Pour eux, c’est énorme ! C’est trop ! Elle passerait tout son temps au lit avec lui si elle le pouvait. Toute sa vie, comme ça, à se nourrir d’amour et de chairs en sueur, et de son odeur à lui, aussi, de la chaleur de sa main et du son de son souffle lorsqu’il est en elle. Juste pour oublier qu’elle a passé les vingt premières années de sa vie sans lui, et ça c’est beaucoup, non ?
Elle lance, plaintive :
– Ça fait vingt ans…
Il ne relève pas la bêtise qu’elle vient de sortir. À peine hausse-t-il de nouveau un sourcil depuis l’autre côté de son livre.
Un long étirement délasse ses bras et elle s’étale plus encore sur le matelas. Une jambe s’étend à côté de lui. L’autre se pose… juste, juste, sur son ventre masculin, là où la peau est si glabre et ses muscles si fermes. Le sursaut qu’elle provoque avec ses pieds froids la fait sourire.
Cette fois, il n’attend même pas qu’elle demande.
– Non, dit-il.
Elle ne l’écoute pas vraiment.
Sans le lâcher le moindre instant des yeux, elle plie lentement le genou, de manière à crocheter au passage la couverture et la faire descendre tout doucement, tout doucement.
Il soupire et réinstalle son dos pour se reconcentrer sur sa lecture.
Elle ne s’arrête pas.
Le bas du ventre apparaît, puis la légère pilosité — il en a si peu, cette région de son corps est probablement l’une de celle qui en est le plus fournie, chez lui — puis… elle ne s’attendait pas à autre chose, son sexe mou. Il est joli, pourtant, là, lové sur son aine. Il a l’air de dormir, paisible, légèrement enroulé comme pour se tenir chaud… Et d’inviter l’impudent à le réveiller. Et n’est-elle pas impudente, justement ?
Tout doucement, elle appuie ses orteils froids sur sa rondeur, en éprouve la résistance et le volume.
Un œil réprobateur, cette fois, apparaît au-dessus de la couverture. Elle ne peut s’empêcher de répondre d’un petit rire. Elle prend appui du talon sur l’intérieur de sa cuisse pour caresser son pénis du dessous de ses orteils, longeant sa forme… puis elle descend le pied entre ses cuisses. Cette fois, elle est juste en face de ses testicules et il ne la lâche plus du tout des yeux, méfiant. Normal. Pas sûr qu’une paire de bourses, toute charmante qu’elle puisse être, soit de taille à gagner une bataille contre un pied. Pas sûr non plus que lui puisse gagner contre elle, de toute façon.
Elle sourit, amusée, en caressant doucement du bout de ses orteils ses testicules. Elles ne réagissent pas. Alors elle descend le long de sa cuisse, explore la chair si fine à cet endroit, remonte jusqu’à parvenir, presque, à frôler ce qu’elle convoite le plus intensément, mais… saute de l’autre côté pour jouer avec l’autre jambe, l’autre peau, l’autre partie si sensible dont les muscles dessinent une ligne menant tout juste jusqu’à son sexe.
Il pose son livre sur son torse, soupire, et fixe le plafond.
Si son agacement est évident, lorsqu’elle repose le bout de son pied sur son sexe, elle le sent immédiatement venir à son contact dans un début soudain de raideur, puis plus raide encore à chaque seconde passée derrière, visiblement plus décidé que son propriétaire.
Cette fois, c’est une exclamation susurrée qui sort de ses propres lèvres :
– Ouiii…
Elle se redresse d’un bond, se met à quatre pattes devant lui, le regarde dans les yeux, reporte son attention sur son sexe, l’observe se gonfler plus encore, se réveiller et s’étirer, comme s’il était en possession d’un langage propre. Elle relève de nouveau les yeux sur son visage.
– Il a envie, lui fait-elle remarquer.
– Et moi, je suis à un passage crucial de mon roman.
Elle hausse une épaule. Son sexe est toujours droit devant elle, comme s’il levait la main. S’ils votaient, il serait le premier à se manifester.
– Regarde comme il dit « moi », pourtant, s’amuse-t-elle. Le pauvre, on dirait un premier de la classe qui essaye désespérément d’attirer l’attention de la maîtresse.
Et, alors qu’elle termine, son sexe a un nouveau soubresaut, comme pour acquiescer. Elle en a un petit rire. Lorsqu’elle reporte son attention sur son visage, la moue boudeuse qu’il affiche est plus complice et affectueuse que réellement fâchée.
– Il a peut-être chaud ? demande-t-elle.
Elle tire une longue langue et la pose sur le bout de sa verge, la faisant s’agiter de nouveau et son gland s’élargir plus encore.
Alors, elle n’hésite plus et la prend dans sa bouche. La sentir y gonfler a un quelque chose d’intime et de jouissif. Avec envie, elle fait de longs va-et-vient sur elle, l’attisant et rendant la caresse sur l’intérieur de ses lèvres douce et excitante… Et elle ne retient pas son sourire quand elle sent enfin ses doigts entrer dans ses cheveux.
Elle relève les yeux sur lui, lâche son membre. Elle pourrait se perdre dans son regard…
Et elle éclate de rire quand il balance enfin son livre pour se jeter sur elle.
– Oui ? demande-t-elle.
Il sourit.
– Oui.
Existe aussi en écoute audio