En voyant Nathan ainsi, Lucas fit glisser son regard de la carotte qui touchait presque son menton aux yeux de son amant. Sa lèvre supérieure frémit doucement, avant de se lever. La lueur froide dans son regard se réchauffa peu à peu, adoucissant tout autant celle de Nathan. Ses paupières se plissèrent de plus en plus, alors que ses épaules commençaient à être agitées d’un léger tremblement. Bien malgré lui, une image de Nathan nu, le légume lui sortant du derrière, avec un air efféminé sur le visage et gémissant de façon aussi fausse qu’une actrice de porno, avait germé dans son esprit. Et c’était ridicule, hilarant et ridicule. Il ne saurait jamais ce que son conjoint avait pu imaginer, mais c’est ensemble qu’ils éclatèrent de rire comme ça ne leur était pas arrivé depuis longtemps.
Ils finirent effondrés au sol, Nathan à moitié allongé sous lui, la carotte échouée à leurs côtés.
— Je voudrais bien t’entendre faire la nympho en manque, finit-il par avouer lorsqu’il parvint à suffisamment reprendre son souffle.
— Hum, répondit Nathan, avant de passer la main dans ses cheveux.
— Écoute, je sais que tu n’es pas très fier de ce que je fais pour vivre. Ce n’est pas très classe lors des dîners, mais il se trouve que ça me paie. Et puis, je ne ferai pas ça toute ma vie. Je le terminerai un jour mon roman, j’avance, tu sais.
— Je sais, Lucas. C’est moi qui suis désolé. Je… je ne devrais pas agir de la sorte. Par ailleurs, j’aime bien voir la tête des gens quand tu annonces ce que tu fais en soirée.
Il sourit. La dernière, organisée par les parents de Nathan, en avait fait les frais. Le jeune homme avait été ravi d’éclairer un de ses oncles, qu’il ne pouvait pas supporter, sur ce que son petit ami faisait pour gagner sa vie. À la mention de « films X, tu en as certainement déjà vu…. Ça ne te dit rien Partie de fesses à la campagne ou quel était le dernier déjà, chéri ? Analgeddon ? » l’homme avait fui à l’autre bout de la pièce, rouge et bégayant. Oh, il s’était bien pris un sale regard de la part de son père, mais Nathan avait simplement fait un grand sourire. Parfois, Lucas admirait son compagnon pour sa capacité à tout assumer du moment qu’il en avait décidé ainsi, et comme il le lui disait régulièrement, ce n’était pas comme si les autres n’avaient jamais regardé un porno de leur vie. Ils étaient plutôt mal placés pour critiquer. Il avait raison, c’était certain.
Nathan se releva et lui tendit la main.
— Allez viens, on y retourne et je te promets de t’aider.
Et comme pour appuyer ses dires, il dézippa son sweat-shirt, le jeta sur le canapé et ôta son t-shirt.
Lucas ouvrit de grands yeux et trotta derrière son homme, torse nu, comme un chiot derrière son maître.
— Tu fais quoi ? demanda-t-il.
Nathan se retourna.
— Ne me dis pas que Roberta est très habillée dans cette cuisine ?
Le sourire de Lucas s’agrandit lorsqu’il vit la lueur taquine dans le regard de Nathan et ses mains qui en étaient déjà au dernier bouton de sa braguette. S’il avait eu une queue, elle aurait sûrement battu l’air derrière lui quand son compagnon lui jeta son jean et son caleçon.
Celui-ci prit appui sur le plan de travail et y posa les fesses. Lucas détailla son physique si gracieux : son torse glabre, son ventre ferme, sa peau douce et blanche. Ses épaules s’étaient encore un peu plus développées grâce à ses séances de musculation. Oh, c’était léger, mais ce n’était pas pour lui déplaire. Nathan ne pourrait jamais devenir aussi carré que lui, c’était une question de morphologie.
Pour autant, et pour avoir déjà eu à l’affronter lors de jeux idiots de couples amoureux, il savait que sa plus grande musculature n’était pas forcément un avantage. Nathan était plus souple, plus agile aussi, ce qui l’aidait grandement pour les esquives. Et lorsqu’il portait un coup, sa force n’était pas tellement inférieure à la sienne. Par-dessus tout, il aimait ses longues jambes, surtout quand elles s’enroulaient autour de sa taille. Bien sûr, son regard ne manqua pas la zone plus sombre, au milieu de laquelle trônait le sexe encore au repos de Nathan. Le sien connut une croissance rapide lors de cet examen. Qui pouvait vraiment dire que le désir diminuait avec le temps ? Plein, d’après ce qu’il entendait à droite, à gauche. C’était bien triste. De son côté, l’envie était toujours là, peut-être pas comme au premier jour, mais pas moins forte. Différente, définitivement. Les années passées ensemble leur avaient permis de mieux se connaître. Et s’il n’avait pas eu à se plaindre des quelques amants qu’il avait eus avant Nathan, avec lui… c’était différent. Ils avaient expérimenté des choses, petit à petit, l’amour et la confiance leur permettant de faire tomber les barrières de la pudeur, des craintes de ce que l’autre dirait, penserait. Et si leurs caractères avaient parfois eu du mal à s’accorder, il y avait bien un lieu où ils s’entendaient à merveille : dans un lit. Le sexe leur avait parfois sauvé la mise, même si, avec le temps, il était moins devenu le ciment de leur couple que son piment.
Nathan savait comme personne ce qui lui faisait perdre la tête, ce qu’il fallait faire, dire et à quel moment pour qu’il s’abandonne totalement et atteigne des sommets de jouissance. Et tout le plaisir qu’il prenait était décuplé par le fait de savoir qu’il n’y avait qu’avec lui que Nathan se lâchait ainsi, qu’il était le seul avec qui il osait certaines choses et laissait s’exprimer ses désirs sans crainte. Alors, l’avoir là, nu, devant lui, c’était la promesse de bien des choses à venir.
Et, tout à coup, son problème de scène passait tout à fait au second plan. Il s’approcha en se léchant les lèvres et vint se mettre entre les cuisses de son compagnon. Lorsqu’il se tendit pour l’embrasser, Nathan le repoussa. Il garda cependant les jambes écartées, posant même un de ses pieds sur le plan de travail pour avoir une meilleure stabilité.
— Le texte, demanda-t-il en lui tendant la main.
Il afficha une moue déçue.
— Peut-être une fois qu’on aura fini ça, lui proposa Nathan.
Il lui rendit les feuillets fissa, très pressé d’en terminer avec son scénario.
— Alors, où en étais-je, lança Nathan. Ah oui.
Sa main droite, qui avait récupéré la carotte, la fit glisser sur son ventre. Lucas déglutit en suivant le cheminement du légume des yeux, le cercle qu’il décrivit autour du nombril dans lequel, lui, serait bien allé mettre sa langue, la lente descente qui le fit s’enfoncer très légèrement dans la ligne noire qui menait à la toison plus épaisse avant de poursuivre le long de la verge qui commença à se dresser doucement. Quand, après avoir titillé ses testicules, Nathan l’aligna avec son sexe et commença à se masturber, le ventre de Lucas se contracta violemment alors qu’une vague de désir l’assaillait.
— Ça t’excite ? demanda Nathan d’une voix suave.
Il hocha la tête, ses yeux rivés sur la scène devant lui. C’était beaucoup plus chaud que ce qu’il avait visualisé. Parce qu’il avait beau écrire du porno hétéro, c’était bien souvent Nathan qu’il imaginait dans les positions et les situations qu’il décrivait.
— Plus que tu ne le crois.
— Je le devine bien, va, répondit ce dernier, ses yeux insistant sur la bosse qui déformait son pantalon.
Quand son membre fut au garde à vous, Nathan le relâcha. Il pointa de nouveau la carotte contre son corps, l’amenant plus bas cette fois. Lorsqu’il eut dépassé ses bourses, il appuya un peu sur son périnée. Il soupira de plaisir. Les yeux de Lucas allaient lui sortir de la tête tant tout cela lui paraissait incroyable. Sans même s’en rendre compte, il commença à se toucher au travers de son jean.
— Humm, ooh, c’est bon, aaaah, attaqua alors Nathan, reprenant son texte, mais en y mettant beaucoup plus de conviction.
Le jeu l’allumait très sérieusement. Nathan n’avait sans doute repris la carotte que pour le fun, mais à voir ses réactions, peut-être qu’il commençait à prendre le jeu plus au sérieux.
— Bon dialogue, remarqua Nathan narquois, avant de lui lancer un sourire aguicheur.
Lorsque la pointe du légume commença à descendre plus bas encore, Lucas sentit son cœur battre fort et il se demanda si Nathan allait oser, surtout quand la partie la plus charnue de la carotte frotta contre son intimité.
— Tu sais quoi ? ronronna Nathan.
— Quoi ? demanda-t-il les yeux fixés sur cette vision aussi décadente qu’érotique.
— Je plains les actrices pornos, ce n’est pas très confortable en fait, énonça Nathan, toute nuance séductrice disparue de sa voix et le légume tendu vers Lucas comme pour bien appuyer ses dires.
Celui-ci éclata de rire.
— Non, vraiment, c’est désagréable, ça glisse mal et ce n’est pas doux. Les pauvres, quoi.
— Tu veux le concombre ?
— Je ne crois pas que ça sera mieux !
— Je peux mettre un préservatif dessus, si tu veux ? proposa-t-il avec un air coquin un peu gâché par l’éclat rieur de ses yeux.
Nathan pouffa :
— Tu as vraiment envie que je me sodomise avec la carotte, toi !
Il haussa les épaules.
— Ça me permettrait de visualiser, commenta-t-il.
— Et c’est uniquement pour ça bien sûr. Pervers.
— Évidemment, je prends mon travail très à cœur, acquiesça-t-il.
Nathan afficha une mine dubitative.
— J’ai une idée, reprit-il finalement en sautant du plan de travail. Ne bouge pas.
Lucas l’observa sortir de la cuisine, ne cherchant même pas à prétendre qu’il ne matait pas ses fesses. Il ne fallut que quelques minutes pour que Nathan revienne, cachant quelque chose dans son dos que, bien sûr, il essaya de voir. D’un geste du doigt, Nathan lui fit un signe négatif. Alors, Lucas s’approcha de lui, l’attrapa par la nuque et l’attira à lui. Il sourit avant de porter sa bouche sur celle de Nathan pour un langoureux baiser.
Finalement, Nathan le repoussa et lui présenta ce qu’il cachait. Les yeux de Lucas s’agrandirent.
— Je savais que ça allait te rendre muet.
Et pour cause. Ce que Nathan lui montrait était le godemiché que Lucas avait ramené quelques mois plus tôt pour s’amuser et pimenter autrement leurs rapports sexuels. La réponse avait été un « non » à peu près aussi catégorique que lorsqu’il lui avait présenté la carotte et le concombre un peu plus tôt. Nathan n’était pas prude au lit, loin de là. Il assumait ses envies et sa manière de les exprimer à voix haute avait bien souvent eu raison de son endurance sexuelle, mais le coup du sex-toy l’avait littéralement bloqué. Lucas avait réussi à force de persuasion, de « s’il te plaît » et d’une bonne dose de suppliques à l’utiliser une fois, mais Nathan était tellement gêné qu’il n’y avait finalement pris aucun plaisir et qu’ils s’étaient arrêtés en plein milieu de leurs ébats pour se disputer. Un mauvais souvenir donc. Autant dire qu’il ne s’attendait pas du tout à ce que son compagnon aille le déterrer du tiroir dans lequel il était rangé depuis.
D’un petit saut, Nathan s’assit sur le plan de travail, le sex-toy toujours bien en main, un sourire triomphant sur le visage alors que Lucas le regardait, scotché.
— Imagine que c’est la carotte et prends des notes, lui lança-t-il en le repoussant jusqu’à la table d’un léger coup de pied.
Lucas s’y assit et regarda le show, se demandant jusqu’où il irait, toujours pas certain qu’il oserait vraiment le faire.
Nathan n’arrivait pas à croire qu’il était en train de faire ça ni qu’il s’agissait là de son idée. Il avait pourtant été catégorique sur le gode en question et voilà qu’il était celui qui le ressortait et même pas dans le secret de leur chambre. Il se lécha les lèvres de manière aguicheuse et dirigea le jouet jusqu’à son intimité sur laquelle il le fit tourner. Pourquoi son amant avait-il le don de réussir à lui faire faire ce genre de choses ? Il appuya un peu plus, le sex-toy forçant très légèrement l’entrée de son corps sans le faire pénétrer. Il avait chaud, ses joues étaient rouges, il savait que c’était en partie dû à la gêne de ce qu’il faisait, mais aussi à l’excitation de le faire et surtout de voir l’effet sur Lucas.
Celui-ci respirait fort, se mordillait les lèvres, et la main sur son entrejambe accélérait de plus en plus.
— Ouvre ton pantalon, ordonna-t-il.
— Ce n’est pas dans le scénario, répondit Lucas d’un ton amusé.
— Obéis !
Il put voir à l’expression de Lucas que son ordre s’était répercuté directement dans son sexe. Son compagnon s’exécuta et défit sa braguette.
— Sors ton sexe.
— Tout ce que tu veux.
La verge se dressa à peine eut-il baissé son caleçon, droite, fière et désireuse. Nathan laissa passer un « huhum » appréciateur en voyant l’humidité poindre à la tête charnue. Son propre sexe était dans le même état. Faire obéir Lucas le mettait toujours dans cet état. Il ne savait même plus vraiment quand ils avaient joué à cela pour la première fois, pas tout de suite, non, il n’aurait pas osé. Il y avait eu un mot une fois, suivi d’une réaction positive, un autre quelque temps plus tard, avec toujours cette même réaction d’excitation chez l’un et chez l’autre. Et petit à petit, il s’était lâché. Il adorait cela. Être dessous certes, mais être celui qui contrôlait ce qu’il se passait, être le maître du jeu. Lucas se moquait régulièrement de lui en prétendant que c’était son côté maître du monde qui s’exprimait. Malgré cela, il n’était jamais réticent à se plier à ses ordres et il avouait qu’il y prenait un plaisir différent qui le laissait parfois comme embrumé après l’amour, un état qui n’avait rien à voir avec l’orgasme, et qu’il ne savait pas bien décrire. Comme si le seul fait de lui plaire en lui apportant plaisir et obéissance, sans avoir aucune autre responsabilité, pouvait lui procurer une jouissance. Ils n’allaient jamais très loin dans ce jeu de domination et de soumission, le caractère de Lucas ne le lui aurait pas permis et il reprenait parfois la main, mais c’était suffisant pour qu’ils y prennent leur pied en tout cas.
— Maintenant, touche-toi en me regardant.
Lucas ne se le fit pas dire deux fois. Il semblait plus excité que jamais. Sa main se jeta sur sa verge et il commença à se masturber en le détaillant. Et puisqu’il avait toute son attention, Nathan porta le gode à ses lèvres, le léchant consciencieusement pour le lubrifier.
Lucas grogna. Certainement qu’il imaginait être à la place de l’objet, sentant sa bouche et sa langue sur son érection, sa chaleur et son humidité. Et c’était exactement ce qu’il voulait que Lucas ressente.
Il se repositionna pour bien écarter les jambes face à lui, ne rougissant que légèrement de son comportement. C’était le jeu et le jeu était excitant. Il descendit le sex-toy jusqu’à son anneau de chair. Son regard se fixa sur le visage de Lucas, rouge et en pleine décomposition. L’expression que prit celui-ci lorsqu’il poussa le jouet dans son corps lui arracha un sourire de pure satisfaction. Son gémissement fut couvert par celui beaucoup plus sonore de son amant. La sensation n’était pas aussi désagréable qu’elle lui avait paru la première fois. Bien sûr, c’était moins souple qu’une verge et moins chaud aussi, mais comme il commençait à le faire aller et venir, le plaisir était bien là.
De son côté, Lucas sentait la sueur poindre légèrement, la température était montée d’un cran et ses yeux ne voyaient rien d’autre que l’intimité de Nathan accueillant le sex-toy.
— Caresse-toi moins vite, ordonna ce dernier.
— Mais…
— Moins vite !
Lucas eut un frisson tout le long de son corps quand la phrase claqua dans la pièce. Un jour, il faudrait qu’il comprenne pourquoi il aimait à ce point quand Nathan le dominait de cette façon. Il s’était essayé à la psychologie de bas étage, cherchant dans la manière dont ses parents l’avaient éduqué – à la culpabilité, comme le disait Nathan –, mais n’avait trouvé rien de probant. Peut-être qu’il avait simplement des tendances sado-maso et que dans quelques années, il finirait gainé de cuir, menotté à un lit à se faire cravacher les fesses. L’idée l’amusa. Quoi qu’il en soit, il obtempéra et diminua la cadence.
— Je ne veux pas que tu jouisses avant d’être en moi.
Ça va être dur si tu continues, pensa-t-il. Il n’en revenait pas que Nathan ose faire quelque chose comme ça. Il devait vraiment l’aimer pour se lâcher à ce point, pas qu’il en doutait réellement. En tout cas, vivre cette nouvelle expérience l’excitait comme jamais.
Des gémissements s’élevèrent qui n’avaient rien à voir avec le dialogue qu’il avait écrit mais qui traduisaient bien le plaisir que ressentait Nathan, plaisir qui était amplifié par le côté très coquin de ce qu’il commettait. Il avait complètement oublié le scénario dont les feuilles gisaient au sol, tombées là, quand il avait un peu plus écarté ses cuisses pour que Lucas ne rate rien du spectacle.
— Déshabille-toi.
Nathan sut, à la grimace qu’afficha Lucas, que l’idée de lâcher son sexe ne l’enchantait guère. Malgré le rythme lent qu’il lui imposait, et il savait qu’il le torturait en faisant cela, c’était sans doute mieux que de ne pas se toucher du tout, ne serait-ce qu’une minute. Il ne retint pas un petit sourire quand Lucas se précipita sur sa chemise.
— Moins vite.
Sadique ? Définitivement. Lucas grogna littéralement de frustration.
— Je te fais un… ah… show, fais-m’en un… humm aussi.
Alors Lucas s’exécuta. Il bougea les hanches sur une musique imaginaire, défaisant doucement les boutons les uns après les autres. Nathan prit son sexe en main et commença à se caresser lentement. Il sentait le plaisir se faire de plus en plus fort en lui. Son autre main accélérait les mouvements à l’intérieur de son corps. Il admira la vue, la peau qui se dénudait progressivement devant lui. Il avait toujours été presque jaloux du hâle naturel de Lucas. Il détailla les pectoraux tendus, les abdominaux qui se contractaient en réponse aux ondulations des hanches un peu marquées sur lesquelles le jean glissait peu à peu.
Il dévora des yeux le fessier musclé lorsque Lucas se retourna et dandina son arrière-train pour finir de se déshabiller. Il aurait presque pu rire en le voyant s’empêtrer un instant avec ses baskets et son jean, mais l’excitation se frayait un chemin de plus en plus net dans son corps, le coupant de toute autre sensation.
Lorsqu’il fut entièrement nu, Lucas se retourna à nouveau et écarta les bras.
— Ta-daa !
Il sourit.
— Caresse-toi.
La large main de Lucas se dirigea vers son érection.
— Non ! D’abord le torse.
Il se savait exigeant, mais au point de plaisir où il se trouvait, ce n’était pas important. Au contraire même, il avait besoin de jouer avec les limites de Lucas, de le soumettre à son bon vouloir.
Les doigts de ce dernier partirent alors de la clavicule, titillèrent un téton ce qui lui valut un râle appréciateur avant de continuer sur le ventre où d’un hochement de tête, il l’autorisa à reprendre la verge luisante.
— Mainte… maintenant, haleta-t-il en enfonçant le gode plus loin en lui, l’appuyant sur sa prostate, ouvre bien les yeux et… humm… pro… ah… profite… ahhhhh.
Son orgasme explosa dans ce dernier cri, il s’arqua, son corps se contracta et expulsa son jouet tandis que deux jets de sperme jaillissaient de sa verge pour s’écraser sur le carrelage blanc de la cuisine, à côté de la carotte tombée là quelques minutes plus tôt.
Il garda les yeux fermés, savourant les dernières légères contractions qui animaient son corps, les ultimes gouttes de plaisir. Ce fut un grognement qui lui fit redresser la tête et ouvrir les yeux. Ceux de Lucas étaient fixés sur lui, un air d’intense concentration sur le visage. Il était manifeste que le voir jouir de cette façon l’avait amené au bord de son propre orgasme. Mais il ne l’avait pas autorisé à venir et c’était le jeu, il devait se retenir.
Il s’allongea sur le plan de travail, faisant tomber par terre le paquet de céréales que Lucas n’avait pas rangé le matin. Des ronds multicolores roulèrent au sol, certains vinrent s’échouer dans les taches de sperme. Aucun des deux n’y prêta attention. Lucas essayait visiblement encore de se contrôler, ce qui semblait loin d’être une partie de plaisir à en juger par la manière dont il le regardait. D’ailleurs, Nathan laissa une de ses propres mains courir un instant sur son torse avant d’aller essuyer une dernière goutte sur son sexe et de la porter à sa bouche. Lucas fut incapable de retenir le gémissement que cette scène occasionna chez lui.
— Viens là, ordonna-t-il.
Lucas avança, écrasant quelques céréales sans s’en rendre compte. Nathan posa sa main gauche sur sa hanche pour l’approcher de lui. Maintenant qu’il l’avait mis dans cet état, il allait l’achever avec son autre petit truc, car s’il y avait bien quelque chose qui pouvait faire perdre la tête de Lucas, en plus de lui asséner des ordres, c’était de se lancer dans un langage volontairement cru et direct. Le dirty talk était un autre des points faibles de Lucas. Et Nathan adorait s’en servir dans ces moments-là, quand il se sentait suffisamment décomplexé pour exprimer ouvertement ses désirs et ses besoins sans avoir à en rougir.
— Maintenant, écoute-moi bien. Je vais te prendre dans ma bouche et tu vas jouir. Je veux sentir ton sperme tapisser mon palais et s’écouler au fond de ma gorge. Je veux garder ton goût sur ma langue pendant que tu me prendras sur ce plan de travail et que tu me feras crier comme tu sais si bien le faire. Je veux que tu me baises jusqu’à ce que ma voix se casse…
La main de Lucas serra de nouveau sa verge pour s’empêcher d’exploser.
— Et quand j’aurai joui si fort que ma tête me tournera, tu auras le droit de me remplir à nouveau.
Lucas afficha une expression, comme s’il avait pu éjaculer rien qu’à écouter ses mots. Oh oui, il allait faire tout ça et bien plus encore : ce fut évident, vu la manière dont il hocha la tête. Nathan avança son visage au ralenti. Un sourire supérieur s’y dessina lorsqu’il entendit le grognement menaçant de son amant.
Il écarta doucement les lèvres et laissa glisser lentement, très lentement la verge de Lucas à l’intérieur de sa bouche.
— Ahhmmmm, gémit celui-ci.
Il savait qu’il ne faudrait pas grand-chose pour l’amener à l’orgasme. Il fit deux allers-retours, avant de faire ressortir entièrement la verge de sa bouche. Sa main gauche vint caresser les bourses pleines.
— Tu es prêt ? La prochaine fois que je te prends dans ma bouche, je veux que tu jouisses en criant mon nom.
— Oui, oui, oui, supplia presque Lucas.
Sans le torturer plus longtemps, il ouvrit de nouveau sa bouche et enfonça fortement le sexe de Lucas jusqu’au fond de sa gorge où il sentit le premier flot de sperme gicler.
— Ahh, Nathan, ahhhhhhhhh.
Il le pompa violemment tout le temps que dura son orgasme, savourant le liquide chaud et âcre qui s’écoulait sur sa langue et maculait son palais.
Lorsqu’il laissa le sexe ressortir de sa bouche, Lucas tituba jusqu’à la table, ayant besoin de s’y appuyer. La jouissance avait été brutale, les mots de Nathan avaient fait monter son désir, l’attente et la retenue l’avaient à ce point frustré qu’il s’était complètement abandonné quand il en avait eu le droit. Et cette façon qu’il avait de parler : il suffisait qu’il lui balance un ou deux « baise-moi, remplis-moi » et il n’était plus lui-même. Ce n’était finalement peut-être pas étonnant qu’il soit scénariste de films pornos quand ce genre de dialogues réussissait à décupler son excitation et son envie. Il y avait dans ces mots un côté vulgaire, coquin, ouvert qui avait facilement raison de lui.
Avec une longue inspiration, il essaya de reprendre son souffle et surtout ses esprits.
— Tu m’as vidé, finit-il par dire.
— J’espère bien que non, ronronna Nathan.
Il reporta son attention sur lui. Ce dernier s’était de nouveau assis et se masturbait lentement.
— Viens me sucer un peu en attendant de te remettre.
Le ton était doux et tendre, la proposition tentante. Il attrapa une des chaises et la plaça entre les jambes écartées de Nathan. Il s’assit et commença à le lécher. Sa langue courut sur la longueur, s’amusant de la sensation différente de ce sexe encore mou dans sa bouche. Sous ses attentions, celui-ci se redressa petit à petit, se gorgeant de sang sous l’effet de l’excitation qui gagnait de nouveau Nathan. Ce dernier avait appuyé sa tête contre la porte du placard, les mains caressant affectueusement ses cheveux blonds. Les dix minutes s’étaient envolées depuis un moment maintenant, mais il n’y pensait même pas, désireux de poursuivre son programme.
— Tu te sens prêt ? lui demanda finalement Nathan.
Il se redressa et vint murmurer à son oreille.
— Oh oui, prêt à te faire crier.
— Humm.
Nathan tendit sa main droite, ouvrit le placard et sortit la bouteille d’huile. Lucas ne s’en étonna pas : il était certain qu’après la petite séance précédente, un peu de lubrifiant serait nécessaire. Il laissa échapper un rire pervers. Nathan lui fit signe d’un doigt de s’approcher de lui et versa un filet gras sur sa verge avant de reposer la bouteille un peu plus loin. De nombreuses gouttes s’échouèrent au sol, venant pour certaines se mêler aux récentes taches blanchâtres. Il étala l’huile sur son érection avant d’en enduire sa propre intimité.
Lucas s’avança et agrippa ses hanches pour le tirer un peu plus vers lui. Nathan posa ses pieds sur le dossier de la chaise, écartant bien les jambes.
— Je ne peux pas attendre de te remplir de mon sperme aussi ici, chuchota-t-il en passant son doigt sur l’intimité huilée.
— Pas avant de m’avoir fait jouir, Lucas.
— Ce n’est pas toi le scénariste, tu sais.
Une main douce mais ferme passa derrière son crâne et approcha son visage de celui de Nathan. L’expression de ce dernier se durcit légèrement et il sentit poindre en lui la naissance d’une vague de désir qui s’élança avec force quand Nathan grogna un « Tu te tais, tu obéis et tu me baises » avant de prendre sa bouche avec férocité.
Il lui mordit la lèvre en représailles.
— Si tu veux jouer à ça…
Il empoigna son sexe et le pénétra d’un coup sec, gagnant un cri : mélange de surprise et de plaisir.
— Je vais te baiser aussi fort que je le peux.
Il n’était pas le seul chez qui ce genre de langage faisait effet, même si Nathan n’était guère prompt à l’admettre.
— Vas-y !
Il n’en demanda pas plus, se recula et se rengaina vivement une première fois.
— Oui, comme ça, réclama Nathan en passant ses bras autour de son cou.
Il ne répondit rien et ressortit presque entièrement avant de donner un brusque coup de reins. Il maintint ce rythme pendant plusieurs allers-retours, s’arrangeant pour toujours frapper la prostate de Nathan qui se décomposait contre lui. Les petits gémissements qu’il avait émis au début de la pénétration avaient déjà gagné en volume.
— Plus vite, ordonna-t-il quand même.
Il accéléra.
— Comme ça ?
— Hummm.
Il allait ouvrir la bouche lorsque les doigts de Nathan saisirent une poignée de ses cheveux pour tirer dessus.
— Je… ahh t’ai dit de… ahhnn te taire et ahhnn oui… et… et de me baiser.
D’un coup de pied indélicat, Lucas envoya voler la chaise plus loin avant que les jambes de Nathan ne s’enroulent autour de ses hanches. Ses mains se firent plus agressives sur le corps qu’il possédait et son bassin accéléra la cadence.
— Plus fort, fais-moi crier, bordel, Lucas ! se plaignit Nathan.
Lucas se pencha et lui infligea une légère morsure au cou lui arrachant un râle. Un peu de douleur avait toujours eu un effet amplificateur sur le plaisir de Nathan. Sa tête se rejeta en arrière, chaque coup de reins qu’il lui infligeait la faisant cogner contre la porte du placard. Cela ne dura pas et il redressa le visage pour croiser son regard.
— Sur la table, prends-moi sur la table, lui indiqua-t-il.
Il acquiesça d’un hochement de tête, l’attrapa et le posa sur le meuble avant de sortir de lui et de le retourner, écrasant son visage sur la surface froide. Nathan se redressa sur ses coudes et lui jeta un regard noir dont il ne tint pas compte. En fait, peu lui importait, son sexe criait son besoin de retourner dans son antre chaud et il ne comptait pas le priver de ce qu’il voulait. Il écarta les fesses rebondies de Nathan avant de s’enfoncer vivement entre elles, se mettant aussitôt en mouvement. La pénétration se fit plus profonde et son amant s’effondra sur le plateau de la table en laissant des râles de plaisir lui échapper.
— Tu voulais crier, Nathan ? Je vais te donner exactement ce que tu veux.
— Encore, vas-y, l’encouragea celui-ci.
Comme Nathan le lui avait ordonné, il continua à le prendre en usant de sa puissance pour le pénétrer toujours plus fort. Dans ses oreilles, la voix de Nathan se cassa petit à petit tant il criait, montrant à quel point il savourait le plaisir puissant qui parcourait son corps. Il faisait ce qu’il fallait pour cela, son sexe gonflé allait et venait, frappant durement sa prostate à chaque fois, la frottant lorsqu’il se retirait, pour revenir la stimuler à son retour. Le va-et-vient se fit plus rapide, plus fort encore et le visage de Nathan prit cette expression douloureuse du plaisir qui devient torture autant que bonheur. La position dans laquelle il l’avait mis l’empêchait de se masturber et toute la responsabilité de sa jouissance lui incombait à lui et ça l’excitait encore plus.
La table tanguait dangereusement, reculant sous chaque assaut pour s’échouer contre le mur sur lequel elle cognait sans cesse.
Il se gorgeait de la voix rauque de Nathan, mais il se sentait à la limite. La pression se faisait de plus en plus forte, le frottement légèrement désagréable et il n’avait qu’une idée en tête, se libérer.
— Nathan, je vais jouir.
— Pas… ahhh… droit… moi… ohhhahhh… d’abord.
Il grogna entre ses dents et ressortit de Nathan, le retourna une nouvelle fois, forçant sur ses bras pour le manipuler sans le blesser. Il plaça ses jambes sur ses épaules et le reprit en le pliant sur lui-même, appréciant une fois de plus sa grande souplesse. D’une de ses mains, il empoigna le sexe de son compagnon que l’excitation avait déjà lubrifié.
— Ahhhh… Oui… Lucas, Lucas, Lucas, gémit ce dernier.
Il fit deux allers-retours et sentit enfin son amant venir dans un dernier cri. Il l’observa jouir, observa son souffle se couper alors que la vague de plaisir se répandait en lui, observa l’abandon avec lequel il s’offrait à sa jouissance, les expressions sur son visage et son corps qui se relâchait dans l’orgasme. Il ne lui en fallut pas plus et il se vida au plus profond de son amant avant de s’effondrer sur lui.
Quand le souffle lui fut revenu, tout du moins en partie, il aida Nathan à reprendre une position plus confortable, puis il posa ses coudes autour de son visage dont les joues étaient rouges et humides de sueur. Délicatement, il amena ses lèvres sur les siennes, réalisant qu’ils n’avaient pour ainsi dire échangé aucun baiser au cours de leurs ébats. Nathan ouvrit la bouche pour l’inviter à approfondir. Il n’aimait rien autant que la tendresse qu’ils pouvaient s’offrir après avoir fait l’amour de manière aussi brutale. Un craquement sonore retentit et ils se regardèrent. Lucas se redressa, entraînant Nathan avec lui. Il s’assit au sol, glissant contre la paroi du meuble et donna un coup de pied dans la carotte. Il laissa son amant se mettre à califourchon sur lui. Il sentit son propre sperme couler du corps de ce dernier jusqu’à sa jambe.
— Je ne crois pas que notre table supportera un autre round comme celui-là, remarqua-t-il finalement.
— Huhum.
De la main droite, il récupéra son texte. Lui comme la cuisine étaient dans un état lamentable.
— Ça ne t’a pas beaucoup avancé tout ça, hein ? murmura Nathan.
— Oh, si, si, je crois que Roberta va devenir une vilaine petite dominatrice.
Nathan sourit.
— Ah oui ?
— Humm.
— En tout cas, moi, ça ne va pas m’avancer, ce sera dur à caser dans mon rapport, finit par ajouter Nathan en se collant un peu plus à lui pour bénéficier de sa chaleur maintenant que la sueur sur son corps refroidissait.
Lucas laissa échapper un petit rire avant de caresser son dos, l’invitant à se blottir contre son torse. Ils restèrent encore un moment dans cette position et finalement se relevèrent. Il vit Nathan attraper son jean à lui, l’enfiler et sortir de la pièce.
— Heu… tu ne m’aides pas à ranger ? lança-t-il.
La tête brune de Nathan passa par l’entrebâillement de la porte.
— Tu plaisantes, j’espère. Je devais te consacrer dix à quinze minutes, on a très largement dépassé. Alors tu te charges du reste.
Et sur ce, il disparut dans le salon.
Lucas resta cinq minutes comme un couillon dans sa cuisine, ses feuilles à moitié froissées à la main, regardant le sol couvert de céréales en partie écrasées et maculé de taches d’huile et de sperme. Il réalisa d’ailleurs que son jean allait être bon pour un tour en machine puisque Nathan l’avait mis sans rien d’autre… Oui, il resta là cinq bonnes minutes à se dire que son amant le prenait peut-être un peu pour un con là.
Mais peut-être qu’en fait ce n’était pas grave parce que… quelle putain de partie de jambes en l’air il venait de s’offrir !
Il sourit, attrapa la carotte, la balança directement dans la poubelle et au moment où il saisissait la pelle et la balayette, son jean passa la porte en glissant sur le carrelage.
Son sourire s’agrandit alors qu’il se dirigeait vers le vêtement pour le ramasser. Il regarda dans le salon pour voir Nathan lui jeter un coup d’œil rapide avant de prendre la direction de la salle de bain.
— C’était juste histoire de le dégueulasser que tu l’as mis ou quoi ? demanda-t-il.
— Arrête de te plaindre et viens me frotter le dos.
— Je ne suis pas ta bonne !
— Oui, mais si tu es gentil, peut-être que la prochaine fois, j’utiliserai vraiment la carotte en guise de sex-toy.
Oh, il y avait quoi ? Une chance sur cent pour que ce soit vraiment le cas, mais… Lucas jeta son jean sur la table et trottina jusqu’à la salle de bain… il avait toujours été chanceux au jeu.