La pièce comportait un lavabo que jouxtait un petit coin repos composé d’une machine à café et d’un canapé. Une fois débarbouillé, Alex se posa dans celui-ci, espérant que prendre une légère distance avec Gabriel pourrait l’aider à recouvrer ses esprits. La voix de ce dernier retentit aussitôt.
— Et… tu es sûr de vouloir garder le début de ta scène comme ça ?
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas. J’ai l’impression qu’ils se sautent dessus bien facilement. Et si tu les faisais picoler ? ajouta-t-il avec un amusement marqué.
— C’est cliché.
Gabriel haussa les épaules.
— C’est sûr. Ce n’est pas grave non plus. En même temps, comme je te le dis, pour un porno…
La phrase était purement moqueuse et Alex en lâcha un rire. Quand il se tourna vers Gabriel, il remarqua que son regard venait de se teinter d’une forme de provocation purement sensuelle.
— D’un autre côté, l’alcool c’est bien pratique : ça désinhibe.
— Ça attaque la mémoire, contra-t-il. Ça fait oublier ce qu’il s’est passé.
— Pas forcément.
Alex eut un sourire, sincère malgré la gêne que le rappel de ces événements avait provoquée en lui. Il pivota sur lui-même pour s’allonger de tout son long sur le canapé, la tête vers Gabriel. Son regard se perdit au plafond.
— Tu…
Il hésita. Un peu. Pas si longtemps, en fait.
— Tu te souviens, toi, de ce qu’il s’est passé lors de la dernière soirée ?
Le souvenir de Gabriel se raidissant contre ses reins était encore vif.
— Bien sûr.
Alex reprit son souffle.
Au-dessus de sa tête, les planches de bois vieillies se succédaient, dessinant des motifs abstraits. Son crâne se renversa en arrière. Quand il reporta son regard sur Gabriel, la vision qu’il eut de lui fut curieuse, inversée, comme ça. Il laissa glisser légèrement son crâne contre la matière noire du canapé, y étalant plus largement les mèches brunes de ses cheveux.
— Tu sais, j’ai vraiment cru que tu allais m’embrasser, lâcha-t-il soudain.
Contre toute attente, la confidence n’avait pas été difficile. Il se sentit néanmoins pris de vertige, comme si la Terre venait de s’offrir un tour de tourniquet et qu’il devait en attendre l’arrêt. Puisque Gabriel ne répondit pas, il essaya de calmer sa respiration et attendit que le plafond cesse de bouger.
Enfin, un grincement parvint à ses oreilles : celui du siège duquel Gabriel venait de se lever. Alex ferma les paupières, écoutant le pas lent qui s’approcha de lui. Lorsqu’un poids se fit des deux côtés de sa tête, il rouvrit le regard dans un mélange d’inquiétude et d’espoir. Là, appuyant ses paumes sur l’assise du canapé, Gabriel était penché juste au-dessus de sa tête. Alex se perdit dans ses yeux.
— J’en ai envie, murmura-t-il d’une voix plus faible.
Les lèvres qui s’entrouvrirent le captivèrent.
— Tu en es sûr ?
— Oui.
Il y eut alors un instant de flottement, leurs regards restant plongés l’un dans l’autre, puis le visage de Gabriel se rapprocha. Enfin, sa bouche se posa sur la sienne.
Le contact fut doux, plus qu’Alex ne l’aurait imaginé. Les lèvres de Gabriel avaient gardé le goût sucré de la boisson qu’ils avaient partagée. Lorsqu’une langue partit à la quête de la sienne, il leva la main pour s’accrocher à la chevelure de Gabriel et ouvrit plus largement la bouche dans une invitation muette. Le baiser s’approfondit. L’excitation monta, puissante, le poussant à refermer inconsciemment le poing sur les cheveux dans lesquels il avait glissé les doigts.
Un souffle passa sur ses lèvres.
— Tu as peur que je m’échappe ?
Alex perçut aussitôt la force avec laquelle il l’avait agrippé. Il desserra la main.
— Peut-être, avoua-t-il.
Le désir pulsait violemment à l’intérieur de son ventre, réduisant à néant tout ce qui ne tournait pas autour de la bouche de Gabriel au-dessus de la sienne, de son regard et de la chaleur de son souffle contre sa peau. Lorsque les lèvres de Gabriel s’emparèrent de nouveau des siennes, ses paupières se fermèrent et il se laissa aller à cette sensation d’irréalité qu’il éprouvait. La lenteur avec laquelle Gabriel l’embrassait pouvait bien être un rêve. Chaque contact de leurs lèvres l’une contre l’autre avait des airs de mondes à découvrir. S’il éprouvait l’envie d’aller plus vite, au fond de lui quelque chose lui chuchotait qu’il n’avait pas besoin de se presser, qu’il était inutile de brûler les étapes, qu’il avait le temps de les savourer. Longuement, leurs langues se caressèrent, leurs souffles se répondant, au point que, lorsque le baiser se rompit, Alex se rendit compte qu’il avait des difficultés à se réhabituer à la lumière et que la tête lui tournait.
Il cligna plusieurs fois des yeux, absorbé par l’expression de Gabriel, penché sur lui. Le souffle qui s’évada des lèvres de ce dernier fut brûlant :
— J’ai envie de toi.
Un temps, il laissa ces paroles le parcourir. Il effleura de ses dents la pulpe de ses lèvres, les percevant irritées par leur baiser.
— Tu veux que je t’apprenne comment on fait un bon porno ? reprit Gabriel avec une certaine ironie, mais qu’Alex sentit mal assurée.
Il pouvait percevoir l’envie sous-jacente, massive.
— On ne tourne pas un film.
— C’est une idée…
L’inquiétude resserra le ventre d’Alex. Gabriel ne fut pas loin de rire.
— Je parle pour le bouquin ! Ça pourrait te donner des idées.
— Dis surtout que c’est trop tentant de continuer à te moquer de moi sur ce sujet.
Un sourire de connivence monta aux lèvres de Gabriel.
— Je suis incapable de résister, avoua-t-il en se penchant pour l’embrasser.
Alex se tendit vers lui. Lorsque Gabriel s’attaqua à la chair tendre de son cou, il laissa échapper un soupir lascif, puis sentit ses doigts plonger dans sa chevelure, la parcourant avant d’atteindre la peau de sa nuque, sur laquelle ils s’attardèrent. Enfin, la main glissa dans le col de sa chemise en atteignant les muscles de son dos.
— Tu en avais vraiment envie ? murmura Gabriel.
— Oui.
— Beaucoup ?
Alex prit une seconde pour répondre. En percevant le pouce de Gabriel passer sur l’un de ses mamelons, à travers le tissu du t-shirt, il soupira :
— Oui.
— C’est vrai ?
Doucement, Gabriel fit rouler son téton entre ses doigts, le poussant à se mordre les lèvres tandis qu’il hochait la tête.
— Pas toi ?
Gabriel laissa planer un silence. Puis, il grimpa soudain jusqu’à se retrouver à quatre pattes au-dessus de lui.
Le cœur d’Alex s’emballa. Il contempla le pan de chemise blanche sortie du pantalon qui se trouvait tout près de son nez… et la peau qui apparaissait, à peine, à cet endroit.
— Si, finit par reconnaître Gabriel. Si. Tu aurais dû me le dire avant.
Alex le sentit soulever le rebord inférieur de son t-shirt.
— Si tu me l’avais dit, reprit Gabriel en lui embrassant le ventre – et cette sensation fut la plus incendiaire qu’il soit –, je t’aurais déjà pris sur ce canapé… Et ce bureau, là, ajouta-t-il après un temps de réflexion.
Alex fut parcouru d’un frisson lorsque Gabriel baisa la peau douce un peu plus loin.
— Et contre le mur, à côté de la porte d’entrée. Et…
— Tant que ça ?
Un sourire monta aux lèvres d’Alex. Il fixa de nouveau la portion de chair blanche qui se trouvait tout juste à côté de son visage, au bord de la chemise. Délicatement, il y passa un doigt.
— Tu es sûr de vouloir le faire ? demanda Gabriel.
— Oui.
Lentement, les mains de ce dernier glissèrent sur les hanches découvertes d’Alex, longeant ses côtes. Les lèvres qui se posèrent à nouveau sur la peau sensible de son ventre le firent se tordre d’envie et sa chair se couvrit de frissons sous les traînées humides que laissa sa langue.
Son cœur battait fortement dans sa poitrine. Ils n’étaient plus seulement en train de s’embrasser. La position dans laquelle ils se trouvaient l’inquiétait tout autant qu’elle suscitait en lui une excitation presque insoutenable. Gabriel était si proche de son entrejambe… Toute la tension qu’il ressentait était juste là, à peine un peu plus loin, là où tout son corps réclamait son contact. Que Gabriel y pose la main, la joue, n’importe quoi qui puisse apaiser son besoin : c’était tout ce qu’il désirait.
La pensée qu’il devait avouer maintenant son inexpérience s’imposa avec évidence.
D’un coup, le canapé bougea et il se sentit décontenancé en voyant Gabriel se relever. Son crâne se renversa en arrière et il ouvrit des yeux embrumés sur lui pour le découvrir en train de reculer de quelques pas dans une image hypnotique. Il roula sur lui-même pour se mettre sur le ventre et le suivre plus facilement du regard.
La voix de Gabriel s’éleva :
— Le canapé ou le bureau ? À moins que tu ne préfères le mur ?
Alex sentit sa respiration s’accélérer. Il observa Gabriel défaire les boutons de sa chemise, fasciné par la façon dont elle s’écarta devant son buste, avant de glisser le long de ses épaules. En le voyant déboutonner son pantalon, il se redressa pour s’asseoir nerveusement.
— Comme tu le veux, répondit-il enfin avant de s’affairer à ôter ses chaussures.
Fichue fierté qui le rendait incapable d’avouer son inexpérience.
Une fois pieds nus, il passa son t-shirt par-dessus sa tête, puis glissa la main dans sa chevelure. Il s’immobilisa en découvrant Gabriel finir de retirer son pantalon. Entièrement nu.
Le sexe tendu vers lui avait quelque chose de magnétique. Sa forme était parfaite, sa teinte toute en délicatesse. Il ressentit avec violence le besoin de le toucher. Lentement, il se leva, la tête brumeuse et le désir pulsant fortement dans son ventre. Une fois parvenu devant Gabriel, il ferma les paupières et se laissa griser par sa proximité. Il aima se noyer dans la langueur de l’instant, s’en laisser emporter.
Puis, d’un coup, il tomba à genoux devant ce membre dur, gonflé, superbe dans sa rectitude qui se trouva juste en face de son visage. Et il le prit dans sa bouche.
Il ne l’avait jamais fait auparavant. Ce n’eut aucune espèce d’importance, car à l’instant où ses lèvres glissèrent sur sa longueur, il sut qu’il s’agissait de tout ce qu’il voulait. Sa main s’enroula à la base de la hampe de Gabriel et il se laissa aller à de longs va-et-vient. Le sexe dur glissait à l’intérieur de sa bouche, frottait contre ses lèvres et effleurait l’intérieur de ses joues dans une sensation grisante, comme s’il s’agissait là de sa place, comme si leurs chairs avaient été faites pour se rencontrer. Au-dessus de lui, la respiration de Gabriel s’accéléra. Quelques soupirs hachés s’élevèrent de sa gorge, faisant parfois entendre un son légèrement plus rauque que les autres, et Alex s’en retrouva puissamment excité. Quand une main glissa dans ses cheveux, il appuya la tête contre elle, appréciant la caresse. Gabriel poussa alors lentement de manière à entrer plus profondément dans sa bouche, et si le premier réflexe d’Alex fut de reculer, le murmure qui parvint à ses oreilles le fit reléguer la gêne ressentie au loin. Il s’évertua ensuite à faire lui-même de longs mouvements sur la chair chaude qu’il prenait en lui, tout en se délectant des sons et des soupirs qu’il suscitait.
Au bout d’un moment, il dut reprendre son souffle et le fit en se frottant doucement le visage contre le membre dont la chair pulsait encore entre ses doigts. La paume qui descendit le long de sa joue le fit s’y frotter comme l’aurait fait un chat. Puis, il attrapa la main qui l’aida à se redresser, mais eut à peine le temps de se mettre debout que Gabriel se jetait déjà sur lui pour l’embrasser vivement. La voix de ce dernier se chargea d’urgence.
— Tu veux faire ça où ?
— Je ne sais pas…
— Le bureau ?
Alex regarda le meuble en question. Il ne savait pas.
— Oui.
Gabriel continua à l’embrasser en le faisant reculer jusqu’à ce qu’il se sente buter contre le rebord de bois. Le crissement des feuilles de papier qui s’envolèrent pour atterrir au sol emplit brièvement la pièce.
— Leçon un, murmura Gabriel en le soulevant par les fesses pour l’asseoir sur la surface plane.
Il fit une pause en fermant les paupières, comme s’il se retenait de toutes ses forces ou bien priait intérieurement.
— Dis-moi que tu as des préservatifs.
Alex sentit une chaleur incontrôlable lui monter au visage.
— Non.
— Merde…
La voix de Gabriel se fit plus impatiente, presque désespérée.
— Dans ton bureau ? Dehors à un distributeur, quelque part ?
— Je…
De toutes ses forces, Alex essaya de rassembler ses esprits pour se remémorer les enseignes de la rue, l’éventuelle présence d’une pharmacie ou d’un distributeur… mais Gabriel choisit cet instant pour déboutonner son jean et plonger la main à l’intérieur. Les doigts qui enserrèrent son membre pour y imprimer de longs mouvements de va-et-vient le firent fermer les paupières alors que sa tête se vidait de toute forme de pensée. Il entendit à peine le bruit que fit Gabriel en inspectant, fébrile, le contenu de ses tiroirs de l’autre main.
— Mike, parvint alors à émettre Alex dans un éclair de conscience.
Son collègue transportait systématiquement la moitié de sa maison lorsqu’il venait à l’atelier. En outre, il avait une sexualité suffisamment débridée pour que l’espoir soit permis.
— Où ?
Alex avala sa salive. Il ne savait même pas comment il avait pu penser à cette éventualité.
— Le bureau, là. Peut-être.
Son corps protesta quand Gabriel lâcha son sexe pour inspecter le meuble de travail de son collègue.
Il ne vit pas ce qu’il découvrit en ouvrant le tiroir. Il aperçut juste son sourire : le mélange de soulagement et d’amusement qui s’afficha sur son visage. Le préservatif que Gabriel déposa à côté de lui ne l’étonna pas. Le flacon associé le rendit incapable d’en détourner le regard.
— Tu t’allonges sur le dos ?
Tout dans la façon dont Gabriel venait de s’exprimer, criait le désir et l’urgence. Alex parcourut d’une main la surface lisse du torse lui faisant face. Puis il se laissa repousser en arrière. Il s’étendit en prenant appui sur ses coudes. Le geste brusque qui fit descendre ses vêtements au-delà de ses hanches le poussa à se raidir. Quand Gabriel reprit ses caresses sur son sexe, il tressaillit vivement.
— Écarte les cuisses.
La voix de Gabriel était brûlante. Sous son impulsion, Alex posa les pieds au bord du bureau.
— Putain ce que tu es beau…
Ces mots soupirés le firent fermer les paupières, autant par gêne que pour s’en laisser pénétrer.
Il se doutait de ce que Gabriel devait voir, depuis les traces de baisers sur sa peau à ses mamelons dressés, humides, en passant par ses cheveux emmêlés et ses lèvres rougies… son sexe qui se tendait désormais vers lui et vers le ciel.
Gabriel enserra leurs membres pour les caresser en même temps. Sous le plaisir, Alex trembla.
— Tu veux que je te prenne ?
La pensée qu’il devait parler du fait qu’il s’agissait de sa première fois se rappela de nouveau à lui, mais il ne sut pas comment l’exprimer et les caresses sur sa verge ne lui permettaient pas d’émettre quoi que soit, de toute façon. Il était tellement aisé de se laisser guider et enivrer par les mains et la voix de Gabriel.
— Reste comme ça, poursuivit ce dernier en se penchant sur le côté.
Hagard, Alex le regarda enfiler un préservatif. Il leva le doigt pour le passer avec curiosité sur son sexe, sentant le contact devenu différent à cause du fin latex et de la couche de lubrifiant. Puis il laissa ses genoux se faire écarter plus largement et lâcha un gémissement étouffé sous la langue qui passa au bout de son gland. Les premiers mouvements de succion qui suivirent le rendirent pantelant, le firent se tordre et donner un coup de reins pour entrer davantage dans la bouche chaude qui l’enserrait. Par réflexe, ses doigts cherchèrent la chevelure de Gabriel, la douceur de sa peau… Puis, Gabriel se redressa et Alex eut de la peine à rouvrir les paupières. La façon dont ses genoux furent repoussés vers le haut le fit détourner son visage dans un accès d’embarras, mais Gabriel passa à cet instant la langue au niveau de son entrée la plus intime et tout ce qu’il put faire fut de s’effondrer sur le bois de la table en gémissant. Son corps s’arqua. Le plaisir déferla, puissant, irrésistible, le surprenant par son intensité.
Une seconde, le déchaînement des sens qu’il était en train de vivre se calma et Alex essaya de retrouver son souffle, mais le doigt lubrifié qui plongea à ce moment-là dans son corps ne lui en laissa pas le temps. La voix de Gabriel s’éleva, calme :
— Pourquoi est-ce que tu ne me l’as jamais dit ?
Alex eut du mal à reprendre ses esprits. La présence à l’intérieur de lui ne l’y aidait pas.
— Que ?
— Que tu ne l’avais jamais fait.
Lorsque le doigt de Gabriel fit quelques allers-retours en lui, Alex se crispa, dérangé par la sensation. Il déglutit nerveusement.
— Aujourd’hui ? parvint-il à demander.
— Aujourd’hui… Avant…
— Je ne sais pas…
Sa voix se cassa, une pression plus profonde venant de faire naître un picotement le long de sa colonne vertébrale. La façon dont Gabriel insista sur l’endroit qu’il venait d’atteindre le fit s’arquer, son corps scindé entre la gêne et le plaisir qu’il éprouvait.
Enfin, Gabriel retira son doigt. En levant les yeux vers lui, Alex le vit enduire plus largement ses doigts de lubrifiant.
— Je ne sais pas, répéta-t-il, l’esprit trop embrumé et la chair impatiente.
Il remarqua seulement le regard de Gabriel sur son corps, comme captivé. Une respiration plus ample souleva son torse.
Quand Gabriel descendit de nouveau entre ses cuisses pour prendre son sexe dans sa bouche, Alex laissa retomber son crâne sur la table, à peine conscient de la manière dont ses fesses se firent écarter avant que deux doigts s’enfoncent à l’intérieur de lui.
— Tu aimes ? demanda Gabriel.
À cause de la pression, Alex eut du mal à répondre, mais la percussion qui suivit à l’intérieur de son corps fit naître de si puissants éclairs de plaisir en lui que les mots sortirent d’eux-mêmes.
— Oui… Oui, c’est bon.
Son corps entier réclamait que cette sensation se répète et il se tordit sous les nouveaux allers-retours qui se produisirent en lui, de manière si vive que, lorsque Gabriel retira ses doigts, il eut l’impression d’avoir passé un instant hors du monde. Hagard, il observa Gabriel pousser un long soupir, comme s’il tentait lui-même de calmer son excitation. Ses hanches se firent ensuite tirer, positionnées juste au bord de la table.
— Je n’arrive pas à croire que ce soit ta première fois, murmura Gabriel. Et en même temps, j’en suis content.
Alex l’écouta silencieusement. Il ne savait que répondre sinon admettre que Gabriel l’avait compris malgré lui. La sensation de son sexe se plaçant contre son entrée de chair le fit frissonner d’anticipation.
— Tu veux toujours que je sois ton premier ? demanda celui-ci.
La réponse s’imposa immédiatement.
— Oui.
— Ne me lâche pas des yeux.
— OK, répondit Alex.
Il prit appui sur ses coudes pour relever son buste. Un temps, il eut le sentiment de se perdre dans le regard qui était posé sur lui. Puis, Gabriel s’enfonça en lui, lentement, le faisant se crisper lorsque son membre franchit l’entrée de son corps. Pas un instant, il ne cessa cependant de fixer son visage. Lorsque Gabriel parvint au bout de son geste, il ne put toutefois se tenir sur ses coudes plus longtemps et retomba sur la table.
— Ça va ? murmura Gabriel.
— Oui.
Ce ne fut pas tout à fait la réalité.
Ce ne fut pas non plus tout à fait un mensonge.
La façon dont il se sentait ouvert s’avérait inconcevable. Si son corps ne s’adaptait pas aussi bien à la pénétration que leurs premières caresses le lui avaient laissé penser, il y avait pourtant quelque chose d’extraordinaire dans le fait de percevoir ainsi le sexe de Gabriel en lui, presque jouissif, et il eut le sentiment que si ce dernier n’avait pas marqué de pause pour s’immobiliser, l’orgasme aurait pu l’emporter. Après un moment durant lequel il attendit que se tasse la douleur initiale, il soupira doucement.
— Tu peux y aller.
— Sûr ?
— Oui.
Gabriel prit alors un instant pour enrouler ses doigts autour du sexe d’Alex, y pratiquant quelques caresses qui ne furent pas loin de le projeter dans la jouissance, tant la sensation fut vive. Puis sa main le relâcha.
— Ne te caresse pas avant que tu n’en puisses plus.
Alex n’eut aucune difficulté à comprendre pourquoi.
— OK.
— Fais-moi confiance.
Alex acquiesça. Lorsque Gabriel l’embrassa, il se versa totalement dans leur baiser, appréciant le répit qui lui était offert. Puis Gabriel se redressa et posa les mains dans le creux de ses genoux. Lentement, il les repoussa, s’aidant de ce geste pour se retirer lentement avant de plonger de nouveau à l’intérieur de lui. De plaisir, Alex rejeta la tête en arrière. La sensation était curieuse, inhabituelle, mais si intense… Il avait envie que Gabriel continue. Qu’il aille et vienne encore en lui.
Progressivement, comme il se détendait, les gestes de Gabriel devinrent moins retenus. Ses coups de reins se firent plus amples, plus saccadés. Alex haletait. Malgré la sensation inhabituelle et la pression presque trop forte, il ressentait le besoin de jouir à chaque fois que le sexe de Gabriel s’enfonçait en lui. L’envie de se caresser se faisait également lancinante, mais il ne voulait pas précipiter la fin de leur rapport. Quant à l’expression de Gabriel, bouche ouverte et paupières légèrement crispées sous le plaisir, elle était tout ce qu’il avait rêvé de voir.
Lorsque Gabriel ouvrit les yeux, il lui adressa un sourire, assorti d’un : « c’est bon », puis il se raidit en sentant ses genoux se faire relever plus haut et Gabriel entrer différemment en lui. De surprise, un râle lui échappa : son sexe venait de se presser juste au niveau de l’endroit le plus sensible de son organisme et le plaisir l’avait foudroyé. En le sentait recommencer, il gémit, sa tête roulant de côté et sa respiration devenant plus hachée. Petit à petit, les coups de reins s’intensifièrent.
Soudain, il sentit son bassin se faire tirer en dehors de la table et il eut un réflexe de sauvegarde et essayant de se retenir en appui sur les coudes, mais Gabriel le soutenait déjà en revenant s’enfoncer à l’intérieur de lui. Sa nuque partit vers l’arrière alors qu’un soupir rauque s’évadait de sa gorge.
La position était plus souple, ainsi. Gabriel lui maintenait le bassin dans le vide et s’y déhanchait plus vivement, faisant se couvrir son torse de sueur dans une image qu’Alex trouva d’une rare sensualité. N’y tenant plus, il s’effondra sur la table et lança une main vers son sexe pour se caresser vivement. Le plaisir fusa. En réaction, Gabriel accéléra son rythme, le faisant pousser des gémissements d’extase qui gagnèrent en intensité au fur et à mesure qu’il s’approchait de l’orgasme. Et lorsqu’il fut sur le point de succomber, Gabriel le pénétra avec tant de force, butant contre ses fesses, qu’il se tendit de tout son être. Chaque muscle de son corps se contracta et il se vida par à-coups alors que la jouissance l’emportait. Gabriel ne tarda pas à le suivre, se déversant à son tour en quelques mouvements saccadés. Leurs souffles et leurs voix se mêlèrent. Le monde devint blanc, l’univers impalpable. Le torse de Gabriel finit par s’échouer sur le sien. Leurs poitrines à tous deux se soulevaient et s’abaissaient fortement. Puis Gabriel l’aida à redescendre au sol et ils se traînèrent jusqu’au canapé sur lequel ils s’écroulèrent. Une seule pensée lui vint : il était bien, là.
Le silence se fit alors, seulement troublé par le son de leurs respirations.
Alex leva la main pour la poser sur le crâne de Gabriel. Un long souffle s’échappa de ses lèvres. Son cœur battait encore trop vite, lui résonnant dans les oreilles.
Il se sentait incroyablement heureux. Il caressa la chevelure de Gabriel, jouant avec la douceur de ses mèches.
Au bout d’un moment, il reprit la parole. Son esprit était encore ailleurs.
— Tu t’es arrêté à la leçon numéro un.
Gabriel leva les yeux sur lui. Un doux sourire s’était affiché sur les lèvres.
— On va devoir recommencer, alors.
— Sûr…
Le visage de Gabriel glissa contre son ventre.
— D’autant plus qu’on doit encore le faire contre le mur… et puis par terre.
Il embrassa sa peau. Alex sourit, amusé.
— Et puis les pièces de l’appartement, ajouta Gabriel. La table de la cuisine, la chambre… La salle de bains…
Ce coup-ci, Alex se mit à rire.
— On va se retrouver aux prises avec une Mél en train d’essayer d’entrer avec un appareil photo.
— Sans faute.
— Sans parler de ses copines.
— Que de bonnes choses en perspective, ironisa Gabriel en levant la main pour caresser en un geste aérien le torse d’Alex.
Il annonça ensuite, d’un ton plein de certitudes :
— On recommencera. Demain. Ce soir. Tout à l’heure. Tout de suite. Laisse-moi juste le temps de récupérer.
Le sourire de Gabriel était un mélange de satisfaction post-orgasmique et d’une rare douceur.
— Oui.
Les yeux d’Alex se fermèrent. Derrière ses paupières closes prirent place de nouvelles images, des pensées qui n’avaient désormais plus rien à voir avec celles qu’il avait eues auparavant, tout simplement parce qu’il ne s’agissait plus d’imagination, mais de ce qui était possible maintenant, de ce qui arriverait…
Et que la réalité était encore plus belle que les rêves.