Encore

Encore

La porte claqua contre le mur, alors que les lèvres de Colin se trouvaient sur les siennes et ses mains sous son t-shirt.

Victor chercha un appui sur le rebord du meuble de cuisine attenant, faisant chuter le porte-clés qui s’y trouvait tandis que Colin refermait d’un coup de pied la porte de son appartement. À aucun moment, leurs bouches ne se quittèrent. Son t-shirt fut enlevé d’un geste empressé, tomba au sol, les lèvres de Colin se retrouvèrent contre sa clavicule. Victor tendit la tête en arrière, pantelant, et crispa les doigts sur les épaules de Colin. En le sentant descendre pour embrasser son torse, il frémit, résista à le pousser plus bas avec ses mains, vu mille images de Colin avec son sexe entre ses lèvres… Iraient-ils jusque-là ? Alors qu’ils traversaient la ville dans sa voiture, Colin lui avait avoué qu’il se doutait depuis un moment de son homosexualité. Il en avait même parlé avec d’autres joueurs. Victor n’avait su qu’en penser. Alors que ses tétons se faisaient aspirer l’un après l’autre, il haleta.

D’après ce que Colin lui avait dit, ce n’était pas tout à fait sa première fois. Il avait déjà eu quelques expériences penchant du côté de l’homosexualité, mais jamais abouties : du voyeurisme, surtout. Une fois, un autre type qu’il avait laissé le sucer, rien de plus. Victor se demandait, si les deux autres joueurs n’étaient pas entrés dans la douche, s’il se serait contenté de ça : décharger dans sa bouche, et puis plus rien. Mais Colin l’avait embrassé, caressé, fait jouir, et manifestait désormais le désir de le pénétrer. Pourquoi lui ? Il ne le savait pas. Colin était l’archétype de l’hétéro curieux : le genre de type à satisfaire une curiosité tout en sachant qu’il n’irait jamais plus loin. Il en avait déjà connu des comme ça. Sur le moment, il s’en moquait pourtant : qu’il se serve de lui, s’il le voulait. Il le désirait tellement qu’il s’en foutait totalement.

Il accueillit le retour des lèvres de Colin sur les siennes avec envie. Celui-ci ne le prendrait donc pas dans sa bouche, il s’en était douté.

Avec empressement, il lui retira à son tour ses vêtements, se laissa pousser plus loin dans la pièce, butant contre la table de la cuisine. Lorsque Colin l’y retourna, il ne fit rien pour retenir ses gestes, s’agrippant simplement au meuble de bois, et il se crispa quand son pantalon fut descendu. Il entendit le bruit qu’il espérait, celui qui annonçait la suite à venir : la fermeture éclair du jean de Colin, et qui lui parut être le son le plus érotique qui pouvait parvenir à ses oreilles. Puis il sentit sa verge, si dure, si ferme, entre ses fesses. L’excitait-il à ce point pour qu’il veuille si vite le pénétrer ? Était-ce dû à ce qu’il avait vu dans les douches ? Le voir se faire posséder par ces autres joueurs lui avait-il tant plu ?

Le sexe de Colin frotta contre ses muscles, glissant entre ses lobes de chair, stimulant à chaque passage l’entrée fine de son corps, celle dans laquelle Victor voulait tant qu’il se glisse. Sa voix grave s’éleva :

– Tu en as envie ?

En réponse, Victor poussa des fesses contre lui, tremblant.

– Oui.

Mais Colin ne le pénétra pas pour autant. Seulement continua-t-il à se masturber entre ses fesses, les pétrissant et les resserrant contre son sexe. Puis il s’arrêta enfin et étira ses muscles de manière à dégager son orifice.

Victor lâcha une brusque expiration. Il voulait le sentir en lui. Il le voulait si fort.

– Là ?

– Oui, souffla Victor. Oui, là.

L’excitation rendait son souffle erratique et sa respiration laborieuse.

Alors, Colin écarta plus encore sa chair et s’enfonça en lui. Victor se raidit. La sensation de sa verge l’emplissant l’excita si fortement qu’il fut comme proche de jouir. De réflexe, il retira l’une des mains avec laquelle il se tenait à la table et la glissa devant ses cuisses. En enserrant son membre, il tourna toutefois la tête vers Colin. Celui-ci acquiesça.

– Tu peux, lui confirma-t-il, comme s’il avait compris la question silencieuse qu’il lui adressait du regard.

Puis il se recula et, lorsqu’il s’enfonça de nouveau en lui, Victor lâcha un profond gémissement. Il avait fantasmé sur plusieurs de ses coéquipiers, mais avec aucun d’autre autant qu’avec Colin. Il avait désiré sa chair en lui, ses coups de reins, il s’était caressé tellement de fois en l’imaginant en train de le pénétrer… Le vivre soudain rendait l’acte comme irréel, le plaisir irradiant de manière si forte, en lui, qu’il doutait de pouvoir résister longtemps. Même sa main sur son sexe lui semblait être de trop : il se contentait de le tenir, n’y faisant que de rares va-et-vient tant il craignait de jouir trop vite. Seuls ses gémissements laissait-il s’exprimer sans entrave, sa voix s’élevant au fur et à mesure que Colin se mouvait en lui, témoignant de son plaisir alors que son visage se pressait contre la table et que ses yeux s’humidifiaient.

Puis Colin commença à claquer plus rapidement contre ses fesses et Victor gémit plus fort. Son corps entier tremblait, le sexe de Colin frottant à chaque fois contre l’endroit le plus sensible de son corps, créant des décharges qui envahissaient puissamment ses nerfs, et il se sentit proche de succomber lorsque, soudain, les coups de reins cessèrent.

Colin se retira et, pendant un instant, Victor eut peur qu’il ait joui. Il ne s’en était pas rendu compte, pourtant. Ou qu’il ne veuille plus continuer.

Mais il le tira simplement par la main puis le positionna sur bord du canapé. Sur le dos. En s’allongeant, Victor fut décontenancé en se rendant compte que, dans cette position, il ne pourrait plus rien lui cacher de sa masculinité. Il laissa un coussin se faire placer sous ses hanches, et finit de relever lui-même son bassin en attrapant ses cuisses. Colin posa alors les mains juste au niveau de la pliure de ses genoux, l’exposant plus encore et, d’un coup, alors qu’il se penchait pour s’emparer de ses lèvres, il le pénétra de nouveau.

Immédiatement, Victor gémit, enserra sa nuque en l’embrassant plus ardemment, sentant sa verge aller et venir à l’intérieur de lui. La tête lui tournait et le plaisir incendiait si vivement son corps qu’il ne parvenait presque plus à trouver son souffle. En de longues poussées, Colin le prit, comblant sa chair, claquant contre la peau devenue sensible de ses fesses et le faisant s’enfoncer à chaque fois plus profondément dans le coussin.

Le rythme s’accéléra, leurs gémissements se mêlèrent puis, d’un coup, en de longs va-et-vient plus secs et nerveux, Colin atteint l’orgasme, se déversant en lui avec force.

Allongé, Victor n’osa plus bouger. Il n’avait pas joui, mais ça lui parut sans importance, tant ce qu’il venait de vivre avait été fort. Toujours à l’intérieur de lui — il pouvait sentir sa verge l’emplir et encore pulser — Colin se redressa alors, et il enserra son membre. L’instant suivant, il se mit à le caresser avec tant de vivacité que Victor se raidit et qu’il n’eut besoin que de quelques mouvements pour se répandre à son tour. L’orgasme l’envahit, le faisant se resserrer contre le sexe de Colin et il entendit gémir alors que sa verge se contractait de nouveau en lui.

Enfin, il resta pantelant, couvert de sa propre substance et le bas du corps ouvert tandis que Colin se redressait.

Il ferma les paupières.

Il restait désormais à savoir ce que Colin voudrait faire de lui : le mettre dehors, probablement. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il vit que, sur ses lèvres, un petit sourire en coin s’était de nouveau affiché. Toujours allongé, Victor le regarda aller vers le frigo, en sortir une bière, puis une deuxième, lui en montrer une.

– Tu en veux ?

– Oui.

Il n’osa pas se redresser, de peur de salir le canapé.

Colin parut le comprendre car il lui lança une serviette après s’en être servi en premier pour se nettoyer.

– Tu peux l’utiliser.

Victor acquiesça.

Colin se posa lourdement à côté de lui tandis qu’il s’essuyait.

– Tu…

Victor le sentit passer les mains dans les cheveux sur son front, le caressant doucement. Il leva le regard sur lui, profitant de l’instant. Lorsqu’il s’assit, il attrapa la bière qu’il lui tendit. Un baiser suivit aussitôt, long et langoureux, au goût de malt.

– Tu veux recommencer ? dit Colin dans un sourire.

Victor rit brièvement. Il but une gorgée.

– Oui.

– Oui, confirma Colin.

– Pas tout de suite, modéra Victor.

Colin acquiesça, avant de lui caresser le crâne, doucement.

– Oui. Après la bière, juste.

Et le sourire qu’il lui adressa revêtit, au-delà de son ambiguïté habituelle, une forme de complicité.

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